Ici prochainement : Sarajevo

Pourquoi Sarajevo ?
Je souhaite voir un endroit où une réconciliation semble possible.
Jean-Luc Godard, Notre musique (2004)

Qualifié d’urbicide, le siège de Sarajevo (1992-1996) reposait sur une volonté d’anéantir la ville en tant qu’enjeu culturel. En ciblant d’abord les espaces de proximité et de rencontre, l’artillerie serbe s’est délibérément attaquée aux fondements de l’identité urbaine de la capitale bosnienne. C’était une guerre contre l’architecture et la hauteur, contre l’habitat collectif et le métissage, contre un vivre ensemble unique entre Bosniaques musulmans, Serbes orthodoxes et Croates catholiques.
Vingt ans après, Sarajevo incarne avec une intensité remarquable les enjeux de la ville contemporaine : comment trouve-t-on sa place dans une société marquée par le morcellement (en quartiers distincts, en entités ethniques, religieuses ou de classe) ? Comment se projette-t-on dans l’avenir d’un lieu en pleine mutation ?
La série Ici prochainement : Sarajevo rend compte de la lente métamorphose de la ville en extrapolant le vocabulaire visuel de l’architecte : la modélisation en 3D, les banques d’images, les vues projectives, etc. Ce langage, traditionnellement conjugué au futur, interroge la place singulière qu’occupe Sarajevo dans le temps présent, entre une nostalgie diffuse de l’ex-Yougoslavie et les rêves d’une Europe qui semble s’éloigner, entre les fantômes d’une guerre figée par les photographies de presse et l’iconographie immaculée de la projection architecturale. En explorant la distance entre la réalité de la ville et ses représentations fantasmées, Ici prochainement : Sarajevo donne à voir la part de l’histoire dans l’idéal placardé sur les chantiers de construction.

Le livre Ici Prochainement : Sarajevo

Date

2015